Sur Twitter, l’animateur Éric Duhaime de l’émission Normandeau-Duhaime du FM93 Québec a critiqué le langage non verbal de Geneviève St-Germain, auteure et militante féministe, suite à son passage à Tout le monde en parle.
Éric Duhaime (@E_Duhaime) sur Twitter :
#TLMEP: Geneviève St-Germain a un non-verbal détestable. Son discours ultraféministe anti-Lise Thériault est encore + détestable.
— Eric Duhaime (@E_Duhaime) 7 mars 2016
La synergologie
Les experts du langage corporel (les synergologues) s’entendent généralement pour dire que le non verbal est plus retenu que le verbal lors des communications. On ne s’entend pas toujours sur les chiffres, mais ce que je retiens c’est qu’autour de 90% du message est influencé par le non verbal, 3% à 5% par le ton de la voix, ce qui reste 7% à 5% retenu pour le message comme tel. Si on pousse plus loin l’analyse, on sait que l’audio-visuel est plus mémorisé que l’audio seul et que l’empan mnésique (le nombre d’items retenus dans une suite) est de sept, plus ou moins deux. Ensuite vient la mémorisation et on sait très bien que le contenu mémorisé s’ajoute généralement au contenu existant dans le cerveau et s’y combine de sorte à créer un souvenir altéré et différent du réel, influencé par le contexte de l’encodage.
Quelques exemples connus de l’influence du langage corporel
Il semblerait que la main sur le nez est un geste propre à « cacher » ou « avoir honte », qu’on peut associer même parfois au mensonge. Le regard est aussi un bon indice à suivre puisque selon plusieurs experts, le regard porté vers la gauche, la droite, le haut ou le bas n’aurait pas la même signification. Je note aussi la manière dont on expose l’intérieur du corps à son interlocuteur (par exemple: montrer ou non ses avant-bras et croiser ou non les jambes pour cacher l’intérieur des cuisses). Le dévoilement des parties internes du corps serait propre à l’intériorité, l’intimité et le dévoilement de soi…
Déjà avant Jésus Christ, Aristote aurait parlé de l’intérêt de pincer l’index et le pouce de la main lorsqu’on veut qu’une idée soit bien retenue par un public.
À propos de Mme St-Germain
On retrouve présentement sur les réseaux sociaux des captures d’écran tirées de l’émission TLMEP de dimanche dernier. Sur ces images, je décrypte un non-verbal qui signifie: « Je suis à bout de souffle. Ça m’exaspère. »
J’ai cherché à analyser le non verbal de l’auteure durant son passage à l’émission. Voici la chronologie:
- Les yeux sont tournés vers le haut, les bras se croisent et se décroisent pour indiquer ouverture et fermeture.
- Soudain, la tête se penche de sorte à signifier l’indignation durant le débat. St-Germain fronce aussi les sourcils lorsqu’elle parle de Lise Thériault et du Parti Libéral du Québec et elle assume ensuite en disant: « J’ai été choquée. »
- Les épaules tombante et le menton relevé sont des signes probables de gêne ou de timidité, comme si on évitait.
- La main droite qui se pose sur la table semble indiquer une prise de position. Cette main bouge au moment de donner l’argument. L’autre main s’occupe du verre d’eau (une position fonctionnelle).
- Plus que tout, c’est le ton de la voix qui accroche mon oreille. Le ton est gentil envers les femmes et vif envers les politiciens. On sent tout le penchant de la femme dans cela.
- St-Germain coupe son adversaire du débat, Sophie Durocher, puis elle cache ou refoule une certaine frustration en replaçant ses lunettes. De très jolies lunettes d’ailleurs, qui donnent à son visage un air intellectuel et « glamour ».
- Puis, à un moment de la prise de position de Durocher, les épaules se baissent d’un coup comme par épuisement.
- On reconnaît le charisme de St-Germain dans sa manière d’agiter calmement ses mains ensuite de manière symétrique, ce qui attire le regard.
- Il y a hochement de la tête, des doigts pointés et yeux tournés comme pour signifier qu’on est en désaccord.
Où est le problème?
Je ne vois pas en quoi le langage corporel de Geneviève St-Germain pose problème. Au contraire, il appuie son propos. Je la trouve excellente en communication! Et d’ailleurs, c’est bien d’elle dont on parle aujourd’hui!
SOURCE
Tout le monde en parle (Ici Radio-Canada, 06-03-2016)