Au sujet de la supposée secte médias sociaux du Parti québécois

L’an passé, suite à son passage controversé à 125 Marianne, le turbulent gauchiste Gabriel Nadeau-Dubois avait proposé sur les médias sociaux que le Parti québécois traversait une phase sectaire. C’était durant « le moment PKP » et après la fameuse Charte des valeurs portée par Drainville, on s’en souvient…

Je ne crois pas qu’on puisse faire la psychanalyse d’un peuple. Ce serait donner un cerveau unique à une collectivité. Chose certaine, les collectivités ont des rapports automatiques et un langage qu’on peut étudier. On peut comparer une collectivité de fourmis par exemple à un collectif de primates violents comme les êtres humains et comprendre que nous ne sommes pas si différents que cela dans l’organisation du travail. Ce serait un long sujet à aborder et je ne suis pas anthropologue. Je vais juste essayer d’adresser ce tabou: le PQ est-il une secte?

Ce que je veux questionner ici, c’est justement de savoir si le collectif « Parti québécois » est sectaire une fois passé le moment PKP comme on l’a nommé.

Historiquement, le PQ n’est pas très fort sur l’introspection et plutôt fort à rejeter les figures de proue de sa propre organisation. Ça, ça se mesure. Ça s’observe. Je pense que PKP a peut-être soigné cette manière de faire du PQ. On observe moins de tensions dans l’équipe de l’extérieur. On observe un genre d’alignement au PQ présentement.

Le vrai grand regroupement du PQ n’est pas devenu une secte à mes yeux. Le regroupement est trop structuré pour qu’on le caractérise uniquement par ses rituels et ses rites de passages. Le PQ est aussi beaucoup trop diversifié et polymorphe pour que sa masse puisse être contrôlée naïvement par un chef vers des comportements autodestructeurs. En fait, ce qui empêche à mes yeux au PQ d’être une secte, c’est son ampleur. Il y a trop de cerveaux à hypnotiser et pas assez de présence médiatique pour le faire. Ceci dit, il me semble effectivement y avoir un repli identitaire au PQ. Ce repli est certes anxieux et autoprotecteur, mais il n’est pas pathologique au sens d’autodestructeur. Il n’est pas sectaire. Il ne nuit pas au fonctionnement du PQ lui-même, à son autofinancement…

Étrangement pour une supposée secte, le PQ recrute relativement peu de nouveaux membres. C’est d’ailleurs sur ce point que s’oppose Option nationale au PQ: le recrutement de nouveaux souverainistes.

Les attaques de type « harcèlement », « lynchage public » ou « acharnement » sur les réseaux sociaux doivent être analysés dans une perspective beaucoup plus large.

Ce que je constate, sur les réseaux sociaux, ce sont plutôt des réactions vives d’opposition de militants péquistes vis-à-vis leurs opposants politiques. Cette décharge émotionnelle est parfois accompagnée de vulgarité.

(À propos, l’absence d’une éthique des médias sociaux n’aide pas à ce que se fasse le débat.)

Lorsque je me suis amusé à troller la page Facebook de Pierre-Karl Péladeau en 2015, j’ai tout de suite eu énormément de facilité à me faire répondre des âneries. Je ne crois pas que ce soit « typiquement péquiste » de répondre des âneries. Je pense que c’est plutôt « typiquement réseaux sociaux ».

Il se dit beaucoup de bêtises sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’opinions d’opinion, de commentaires de commentaires…

On pourrait être tenté de dire plutôt que « le collectif réseaux sociaux Parti québécois » est sectaire, mais pas le noyau péquiste lui-même et son entourage nombreux. Sur ce point, je crois que Nadeau-Dubois a été témoin: le regroupement médias sociaux du PQ donne une impression de mouvement sectaire en raison de son mode de communication unique. Je dis cela et pourtant j’hésite. Je cherche les rituels. Je cherche les totems et les fétichismes. Je vois beaucoup de bruit pour rien…

Il me semble trop tôt pour juger si l’influence de cette microsociété possiblement sectaire parfois vulgaire sera efficace à la prochaine élection. Personnellement, quand on est féroce avec moi, je deviens féroce en retour. Quand on est vulgaire avec moi, j’ai un réflexe de repousser la vulgarité par dégoût.

L’histoire de la petite souris anxieuse

Je vais vous raconter une histoire. Il s’avère que je viens tout juste de terminer un cours de neurosciences lors duquel il nous a été présenté le cas de deux souris dans un bocal. La première souris était un bully (une grosse dominante agressive). La seconde était jugée normale. Et bien lorsque la souris normale était mise en contact avec la souris bully, elle se mettait à se renfermer sur elle-même de manière anxieuse, similaire à un comportement anxieux humain.

Maintenant, revenons dans le monde des Hommes. On sait qu’une personne typiquement dominante qui se fait dominer apprendra fort probablement des comportements du bully. Il se peut qu’elle devienne bully à son tour par imitation….

Je suis loin d’avoir fait le tour du sujet dans un si petit texte. Ma conclusion, c’est simplement que la possible secte médias sociaux péquiste est une petite souris anxieuse qui a appris à devenir bully par imitation. Ça reste une hypothèse. Comme je l’ai dit plus haut: les collectivités n’ont pas de cerveau commun. On ne peut que spéculer sur leurs intentions.

Je crois que Nadeau-Dubois est mieux placé que moi pour creuser la question en profondeur qu’il a lui-même mis dans l’aire publique… Il faudrait lui pose la question en entrevue.

Personnellement, je mise plus sur l’expression « mob » pour définir ce regroupement. Selon Merriam-Webster, « mob » signifie ceci:

a large group or crowd of people who are angry or violent or difficult to control

TRADUCTION LIBRE: un large groupe ou foule de gens qui sont en colère ou violents ou difficiles à contrôler

SOURCE

Gabriel Nadeau-Dubois dénonce une pluie d’injures après des critiques du mouvement indépendantiste (HuffingtonPost Québec, 2015)

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