Hier, c’était la cérémonie de l’ADISQ, un gala qui célèbre les talents en musique au Québec. Tout comme vous, j’ai été frappé par la grande qualité de l’animation par l’humoriste Louis-Josée Houde. Mais au-delà des blagues savoureuses et des idées politiques lancées par les présentateurs et gagnants, j’en suis venu à me demander: « À quoi sert l’art? »
Notre contexte
Nous vivions dans un monde que le sociologue Guy Debord qualifiait de « société du spectacle » où les rapports sociaux sont vécus au travers du filtre de la mise en scène de soi. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou lors de manifestations, nous nous déguisons et théâtralisons nos expressions de soi. Même être anonyme revêt de l’expression d’un désir de se fondre dans la masse.
Le vocabulaire de la mise en scène de soi fait parti de notre vie quotidienne: égoportrait à la duckface, habillement qui exprime notre personnalité, maquillage et coiffure, etc.
C’est dans ce contexte que l’industrie du spectacle nous livre incessamment de nouveaux signes et symboles auxquels s’identifier pour faciliter la communication. Intégré à la matrice du star-système, l’artiste devient un vecteur d’animation sociale et de divertissement. « Entertainment business », « showbiz », « show-business » sont autant de qualificatifs pour décrire ce monde effervescent qu’est celui dans lequel le musicien performe.
À quoi l’art est-il utile?
Dans ce contexte, il semble évident que l’un des rôles de l’artiste performeur est de divertir. Divertir, c’est réduire, voir éliminer, le sentiment de banalité qu’a le spectateur en changement son rapport au moment présent de sorte à lui faire oublier ses soucis.
À ce sujet, le regroupement Douteux.org a innové en proposant une échelle de quantification de la qualité des oeuvres. L’outil permet de mesurer de manière subjective si une oeuvre est soit très bonne ou très mauvaise, si mauvaise qu’elle en devient extrêmement divertissante. L’oeuvre jugée « moins 10/10 » est si mauvaise qu’elle en devient un chef d’oeuvre de mauvais goût tandis que l’oeuvre jugée « plus 10/10 » est au contraire extraordinairement bonne.
Les expressions artistiques qui ne sont que divertissantes se font étiqueter comme étant stupides. Il leur manque ce supplément que représente la profondeur intellectuelle.
Cela nous amène à un deuxième rôle de l’art, soit d’interroger le spectateur. L’objet créé devient ainsi le moyen par lequel le spectateur peut remettre en question son monde intérieur et extérieur. De grandes œuvres basées sur ce principe nous font prendre position par rapport aux enjeux sociaux politiques de notre ère.
Puis, il importe qu’une oeuvre d’art inspire en émerveillant par la beauté. Rimes, procédés littéraires, illustrations, poésie… Autant de manières d’émerveiller le spectateur en lui présentant ce qui rend le monde plus intéressant.
Enfin, l’art peut faire émerger chez le spectateur un sentiment de catharsis lors duquel on peut vivre un véritable soin thérapeutique.
Comment vendre son art?
Cette grille de quatre points nous permet de quantifier de manière subjective quelles sont les œuvres d’art les plus pertinentes et valables. En répondant à cette question, on arrive à formuler un message. Notre création peut-être décrite en fonction de ces quatre critères. On aura intérêt à bien reconnaître et communiquer les éléments forts de l’oeuvre à des connaisseurs afin de situer cela par rapport à l’histoire de l’art.
Ainsi, on pourrait attribuer des qualificatifs plus juste à l’oeuvre. Ces qualificatifs, joints à des commentaires favorables de critiques artistiques permettrait au client qui achète l’oeuvre de contempler toute la qualité de celle-ci sans en oublier un aspect.
Vendre une oeuvre d’art, c’est aussi savoir se tailler une place dans l’imaginaire du client. C’est faire partie de la conversation.
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