Des applications et des outils de capture d’égoportraits (selfies) ont la cote auprès des milléniaux, ces jeunes adultes qui ont grandi avec Internet. La « génération selfie » véhicule des valeurs qui peuvent paraître insignifiantes vues de l’extérieur. On leur reproche à tort d’être enfermés sur eux-mêmes et de manquer de focus. Contrairement à la croyance populaire qui voudrait qu’ils soient égocentriques, ces jeunes adultes répondent pourtant fréquemment que l’amitié est leur valeur primordiale. Vient ensuite la famille. On sait aussi d’eux qu’ils recherchent des environnements de travail collaboratifs où le travail en multitâches est reconnu.
Les milléniaux sont friands de plateformes d’échanges qui leur permettent de se créer une identité parallèle, virtuelle. Leur intérêt marqué pour le selfie peut signifier à la fois une envie de partage du moment présent ainsi qu’une manière de se mettre en scène soi-même, de se costumer.
Derrière leur téléphone intelligent, les milléniaux créent des avatars d’eux-mêmes. Il en découle une sorte d’économie du « like » où l’appréciation d’une chose a de la valeur en soi parce que telle personne le reconnaît comme tel. La popularité d’un statut est en soi est le gage d’une réussite. Le fait que j’aime cette chose signifie que je la recommande. Comme je suis populaire, ce que j’aime doit être aimé par mes abonnés… C’est le principe même de l’influenceur.
C’est aussi une expression d’un « je, me, moi » décomplexée. C’est la stupeur, l’étonnement et le merveilleux du moment présent qui valent la peine d’être partagés. C’est aussi beaucoup le triomphe du « j’y étais là ». « J’y étais là… lorsque Justin Beiber a mis en ligne une photo de ses fesses sur Instagram. »
Tous ces « likes » sont autant de manières de dire « je joue le jeu » de la communication. Ensemble, on joue à se connaître superficiellement. Ça facilite les rapprochements…
Les jeunes ayant le plus de facilité avec les multimédias en viennent parfois même à se créer des identités multiples, comme autant de masques à présenter à un fanclub.
Ces temps-ci, Snapchat a la cote. Demain, ce sera autre chose. Il faut toujours se réinventer une identité pour continuer à alimenter une fiction de soi-même.
Mais derrière cette quantité incalculable de représentations de soi se cache une certaine quête existentielle. Les jeunes en sont à découvrir leur personnalité, même si pour cela il faut savoir se fondre dans un groupe d’anonymes, le temps de se réinventer soi-même.
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MAJ
Voici une vision intéressante de Simon Sinek sur le sujet des milléniaux: